Les joueurs de foot de Gibraltar

Les Petits Poucets des Éliminatoires de l’Euro 2016

En 2016, l’Euro de Football, qui aura lieu en France du 10 juin au 10 juillet, innove : en effet, ce ne sont plus 16 mais 24 équipes qui seront présentes pour la phase finale, réparties en 6 poules de 4 équipes. Ainsi, les deux premiers de chaque groupe, mais aussi les deux meilleurs troisièmes seront qualifiés pour les 8e de finale.

Cet élargissement nécessite la présence de 54 équipes pour les phases de qualification, disséminées en 9 poules de 6 équipes (seulement 5 pour le groupe I dans lequel participe virtuellement la France, qualifiée d’office en tant que pays organisateur, par le biais de matches amicaux). Ainsi, tous les états souverains d’Europe (à l’exception du Vatican), mais aussi Israël, les Iles Féroé ou encore Gibraltar sont invités à disputer les Éliminatoires.

Des matches la « fleur au fusil »

Quand vous êtes un caillou de 6,5 km², il n’est pas facile de vous imposer dans le panorama européen du ballon rond. D’une part, en raison de l’opposition de l’Espagne, qui revendique toujours le détroit de Gibraltar, ce territoire britannique d’outre mer n’a été admis qu’en mai 2013 au sein de l’UEFA ; d’autre part, quand vous disposez d’une population de 30 000 habitants, on ne trouve pas des pros du dribble à tous les coins de rue. D’ailleurs, la sélection de Gibraltar ne compte dans son effectif que 2 footballeurs professionnels : le premier évolue en troisième division anglaise avec le club de Preston North End et le second joue en première division (incroyable !) du championnat d’Israël (mais vrai). Si vous ajoutez à cela que le Victoria Stadium ne répondant pas aux critères de sécurité de l’UEFA, les rencontres se disputent – merci les Espagnols – au Portugal à l’Estádio Algarve de Faro, en attendant la construction d’un nouveau stade (l’Europe Point Stadium) achevée théoriquement en 2016, on se dit que les Gibraltariens frisent le masochisme à vouloir intégrer les poules de qualification de l’Euro 2016 et affronter l’Allemagne ou la Pologne dans le groupe D. Jusqu’à présent, les joueurs de Gilbraltar se contentaient de compétition à leur portée, en participant notamment au jeu des Iles, qu’ils ont même remporté en 2007 après une victoire 4 à 0 face à Rhodes.

Changement de format, changement de décor et mise en place de journées portes ouvertes. Depuis le début des phases de qualification, Gibraltar a encaissé 46 buts contre seulement 2 réalisations. Lors des deux dernières journées de qualification de l’Euro 2016, ils ont enchaîné deux défaites, un petit 4 à 0 face à l’Irlande et une dérouillée 8 à 1 face aux Polonais. Une douche froide pour les Méditerranéens.

Dans la même catégorie est nominée la République de San Marin, qui occupe la dernière place du groupe E. Le palmarès de l’équipe de football de ce minuscule état enclavé en Italie est impressionnant : 63 défaites en 64 matches et une moyenne d’un but tous les 20 ans ! L’émotion était forte le 8 septembre 2015 quand Matteo Vitaioli marquait sur coup franc. En effet, San Marin n’avait pas inscrit un but depuis 1996 et, en revenant au score, espérait prendre son premier point lors d’une participation aux phases de poule. C’était sans compter sur le sadisme des Lituaniens qui ont attendu les minutes additionnelles pour marquer leur 2e but synonyme de victoire, et de routine pour les San-Marinais.

Dans le groupe A, le Kazakhstan fait figure de dernier de la classe, avec toutefois un point au compteur, grâce à un match nul lors du premier match face à la Lettonie, performance inégalée depuis. Comme quoi, le pétrole et le gaz n’achètent pas encore tout ! Dans le groupe B, c’est Andorre qui traditionnellement ferme la marche avec 0 point et un goal-average négatif de 27. Enfin, dans le groupe H, Malte avec 2 points, est reléguée à la dernière position, amis avec un match nul en Bulgarie et un autre en Azerbaïdjan, elle a joué à deux reprises les troubles fêtes et n’a perdu que d’un but lors de ses deux confrontations avec l’Italie, actuel leader du groupe.

Quand les petits dépassent les grands !

Sur le papier, les Iles Féroé étaient les Lilliputiens du groupe F, intégrant l’Irlande du Nord, la Roumanie, la Hongrie, la Finlande et la Grèce, vainqueur (surprise il est vrai) de l’Euro 2004. Pourtant, ce ne sont pas les Féroïens qui occupent la dernière place, mais la République Hellenique, battue à deux reprises par les gens du Nord 2 à 1 à domicile et 1 à 0 à l’extérieur. Deux défaites inattendues qui ont dû rendre heureux les bookmakers et différents sites de paris sportifs…

Dans le groupe C, le Luxembourg, habituel dernier de la classe européenne, pensait avoir trouvé enfin plus faible que lui, la Macédoine partageant la même poule que le petit état du Bénélux. Lors du choc entre les deux poussins de la poule C, le Luxembourg s’est imposé 1 à 0. Toutefois, lors du match retour, la Macédoine réussissait à s’imposer 3 à 2 : une victoire partout, balle au centre. Notons que le Luxembourg, grâce à un match nul face à la Biélorussie, occupe la 5e place, devant la Macédoine.

Dans le groupe G ont été réunies trois petites nations du football, petites par la taille mais non par le talent, à savoir le Monténégro, le Liechtenstein et la Moldavie. En 8 matches, chaque pays dispose de plusieurs points au compteur et surtout, le Monténégro a réalisé un exploit en tenant le match nul face à la Suède, reléguant ce favori à la 3e place du groupe, synonyme de barrage… Et dans le groupe I, les voisins Albanais tiennent la dragée haute aux Danois qui n’ont fait mieux qu’un match nul contre l’Arménie. A un point seulement des Danois mais avec deux matches à jouer encore (contre un seul pour les Danois), les Albanais pourraient bien créer la surprise en se qualifiant directement pour l’Euro 2016, sans avoir à passer par les barrages ! Et cela ne serait que mérité quand on se rappelle de la victoire de ces mêmes Albanais contre les Bleus.

Ainsi, en dépit de la forte hétérogénéité des équipes composant les poules de qualifications de l’Euro 2016, quelques surprises peuvent perturber la hiérarchie, ajoutant à la beauté du sport et enthousiasmant les supporters de ces nations sous-représentées du football lors des phases finales.